Jouer du violon. Sur papier, ce n’est pas le truc le plus sexy que l’on puisse imaginer. Pendant que certains vont s’imaginer de belles montées orchestrales sur fond de toussotements plus ou moins discrets, d’autres iront dans leur historique youtube voir les vidéos de la belle Lindsey Stirling. Mais dans le délire, on retient souvent le côté « je suis en primaire et au conservatoire ».
Pas de panique, il faut toujours une exception pour confirmer une règle. L’exception du jour, c’est Samifati. Si le violon est parfois vu comme un piège familial accompagné d’horribles sévices tels que le solfège, il s’en est bien sorti. Loin de lui l’image du premier de la classe qui enchaîne les cours pour mordus avec les cours de musique, on parle là d’un mec qui sait donner un aspect swag au violon. Oui, du swag. Du vrai et du beau qui fait du bien. C’est simple, pour présenter Samifati, on pourrait tout simplement se pencher sur les nombreux artistes dits ‘’beatmakers’’ qui arpentent les salles de concerts, les festivals et les playlists les plus chills du moment. Superpoze, Fakear, la blague Møme ou encore Zerolex. En bref, tous les mecs qui appuient sur des carrés de plastiques pour faire du bruit. Et si ces projets sont beaux (ahem), ils laissent de côté les instruments des générations passées. C’est là que Samifati prend la place du chaînon manquant en mélangeant son archer aux pads. Un mélange inter-générationnel qui fait plaisir.
Véritable chimère mi-beatmaker “hype”, mi-survivant du solfège, Sami mêle violon et beatmaking à merveille pour le fils spirituel de Stradivarius et Saburo. Même si les sonorités que l’on peut croiser sur ces morceaux ressemblent à ce que l’on connaît, il y a ce petit plus qui fait la différence. On parlait de rendre sexy le violon, mais Sami fait mieux encore : il peut vous faire aimer les bagads bretons et faire des battles avec eux. C’est dire que le mec a un talent de séduction assez irréprochable. Ajoutez à ça son goût pour les voyages et les projets musicaux de toutes sortes et vous voilà avec le ‘’beatmaker’’ à mettre dans une playlist pour qu’elle sorte du lot.
Mais au-delà de cet aspect frisant le fanboy, Samifati est surtout d’actualité avec un nouvel EP qui arrive un peu plus d’un an après le précédent. Cycle vient en effet de faire son arrivée chez tous les bons dealers avec quatre morceaux qui dévoilent le talent du musicien à nous proposer des voyages musicaux toujours plus épicés. Soleil qui se lève et autres métaphores poétiques pour aller avec ce « Sunrise » qui prend le rôle d’introduction à ce nouvel opus. Ça tourne comme une horloge Suisse et le violon vient souligner l’aspect éthéré de ce premier morceau et le mélange des genres qui colle à la peau. On est encore en terrain connu avant d’arriver à midi. Soleil au Zenith et Samifati qui laisse des voix nous entailler à la manière des beatmakers que l’on citait plus haut. Encore une fois, le violon fait toujours effet avec la construction du morceau pour nous sortir de la routine habituelle. Attention, on va sortir le dictionnaire pour le morceau d’après dans lequel l’instrument classique est joué en pizzicato pour s’allier aux samples de voix lâchés tout au long du son. Finalement, on termine avec un Dawn aux allures de bord de plage, le genre de morceau à la posologie relaxée. C’est beau.
Si vous ne l’aviez pas remarqué ou que votre niveau d’anglais est aussi élevé que celui de notre bon vieux Chirac, chaque morceau correspond à un moment de la journée et l’EP s’appelle Cycle. Un coup de CQFD plus tard, on pourrait y voir une invitation de l’artiste à réécouter les quatre morceaux. Notez notre Mention spéciale pour Dusk. Cette piste se différencie par son sound design exécuté en douceur et son ambiance plus évocatrice que les précédents. Nous pourrions parler d’un climax ou d’un « eargasm », mais on dira juste que c’est notre morceau de choix pour cette sortie.
Au final, Samifati lâche un bien bel EP pour les amoureux des pads et prouve que le violon, ce n’est pas que pour les vieux. On en viendrait presque à rêver que certains lâchent l’autotune pour aller chez un luthier et enfin faire de la musique. Je n’ai pas dit que je n’aimais pas Møme ou Jul, maintenant, c’est fait. À bon entendeur, bisous.
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