Peintre, réalisateur, Banksy est avant tout un artiste authentique reconnu dans le street art. Corollaire même de ce mouvement, plusieurs hypothèses ont été émises à son sujet. Certes, il s’agit d’un homme qui serait originaire du Royaume-Uni près de Bristol. De là, je ne pourrais vous en dire plus mes chimistes car le mysticisme qui l’incarne contribue encore et toujours à son art. Parlons-en justement de ces œuvres qui regroupent différentes influences notamment celles de A. Warhol et qui se caractérisent pour l’essentiel par de très nombreux visuels et messages graffés, empreints d’humour, d’amour, de politique (…).
Issus de différents contextes socio-économiques et culturels, ceux-ci montrent avec force parfois le ressentiment d’un homme au sein de cette société contemporaine sur fonds anti-capitaliste, libertaire, anti-militariste voire anti-système. On aurait beaucoup de choses encore à dire sur ce fameux Banksy et de son travail exercé à travers le Monde. Il fallait à ce sujet marquer le coup et c’est ce que je vous propose de faire…
« Throwback » immédiat et je vous retrouve alors à Amsterdam dans la capitale néerlandaise ! Après avoir franchi les différents canaux et arpenté les rues de cette ville charismatique, rendez-vous pris devant le Modern Contemporary Museum/Moco (Villa Alsberg) où une double exposition se faisait depuis déjà quelques semaines : d’un côté Banksy (exposition intitulée « Laugh Now » et auquel je consacre cet article aujourd’hui) de l’autre, Dalí (expo. « Genius »).
Une fois à l’intérieur, immersion totale dans l’univers de Banksy : de part en part, de gauche en passant par le centre, puis la droite : c’est « full » d’oeuvres de notre ami (à défaut de le connaître). A travers ces quelques photos, on comprend assez vite que l’univers artistique très riche de ce dernier inspire et exprime avec connotations multiples un art urbain recherché, pensé avec liberté et engagements.
Certaines œuvres ont été reproduites dans différents lieux (différentes versions) par Banksy lui-même comme celle-ci très célèbre intitulée « Girl With A Balloon » (« There is Always Hope ») (cf. ci-dessous). L’artiste a souhaité montrer l’innocence de cette fille avec un ballon en forme de cœur qui caractérise assez bien l’amour. De manières général et implicite, l’oeuvre représente un symbole d’espoir caractérisé par l’envol du ballon et de continuité malgré les différentes épreuves difficiles liées à la vie de chacun d’entre nous. L’incarnation d’une jeune fille peut s’interpréter comme un facteur de genèse (la femme portant l’enfant), de lendemain proche. Message tans-générationnel d’espoir et qui induit également la place de la femme dans notre Société. Cette œuvre a été découverte dans la South Bank (partie sud) de Londres en 2002.
Autre œuvre qui vous prête à sourire : celle intitulée « Beanfield ». Imposante, dans une pièce quasiment dédiée à elle-seule, un vert clair/herbe vous envahit la vue et vous constatez mes chimistes avec éclat de rires parfois, ces quelques policiers déambulant joyeusement dans une herbe qui contraste fortement avec leurs uniformes sombres, impersonnels. Les fleurs que certains portent dans leurs mains caractérisent paradoxalement à leur équipement habituel la vie, le bonheur et la joie qu’ils exhibent en toute liberté. C’est la touche même de l’artiste : entre humour (au regard du titre de l’oeuvre) et message d »amour.
Au fil de l’expo, on peut également se rendre compte de certains messages affichés, de bribes de mots qui émanent directement de Banksy lui-même et pondèrent avec les œuvres. Tout est dit. Nécessité de moralisation de la part de l’auteur sur la condition humaine ? Besoin d’apporter certains points d’excellences de part un vécu personnel ? Prise de recul sans doute dans un Monde où la technologie à portée de l’être humain dépasse souvent le cadre conventionnel. Dogme anti-superficiel ? Exemples…
Banksy surprend également sur certaines œuvres en cassant les codes. Artiste engagé, il n’hésite pas à réutiliser certaines peintures, à les rendre beaucoup plus vivantes, modernes, en utilisant la technique du pochoir dans la plupart de ses rendus. En effet, force a été de constater par lui-même à ses débuts que cette technique était à coup sûr efficace et un gain de temps inestimable lorsqu’il exerçait son art dans certaines zones « sensibles » : la Police pouvant débarquer à tous moments et confisquer son travail, l’embarquer, l’amender… (ce qui s’est déjà produit de nombreuses fois).
Notre « art-terroriste » préféré (en ce qui nous concerne) en matière de street art n’en est pas à son premier coup d’essai. D’autres œuvres où cette fois encore mes chimistes, vos yeux n’auront qu’à observer les différentes idées défendues par l’artiste : de son regard sur la société de consommation actuelle à celui sur l’utilisation d’armes de destruction à travers la guerre, « pastiches », visuels significatifs et parfois qui interpellent, les oeuvres parlent d’elles-mêmes.
Enfin, je terminerais par l’une des fameuses œuvres de Banksy : un bus ou van somme toute similaire à n’importe quel autre mais pas que… Le « SWAT Van » qui là encore est assez significatif de la prise de position de l’artiste au regard de l’autorité publique. Trait d’humour, froideur également dans cette exposition car la pièce se situant dans une partie isolée du musée. Volonté caractérisée d’apporter une atmosphère assez particulière puisque c’est la seule salle qui n’est pas vraiment éclairée. Quelques projecteurs d’appoints figent les graffitis présents sur le bus. Fixation sur l’art du graff et messages visuels seront vos seuls points de repères. Travail sur les sens, mise en bouche, pénombre désenchantante, on ne souhaite pas vraiment y passer l’après-midi entier, vous comprendrez… Menace palpable.
Deux situations sont présentées telles quelles : un « little boy » sur la gauche côté porte conducteur, courbé, comme pour préparer une farce avec à sa main un objet ressemblant à une pochette en papier. Devant lui, une équipe du SWAT en cours d’intervention dont le premier de la file est doté d’un bélier (incertain de l’objet). Une réponse avec humour là-encore à la peur et tyrannie exercées dans la société actuelle selon Banksy.
Rhétorique artistique de mise donc et portée au ridicule face à la situation (le petit garçon, embusqué, s’apprêtant à faire éclater sa pochette en papier derrière l’équipe du SWAT). Un humour noir en réalité attelant la conscience de la plupart d’entre nous : en effet, en faisant le tour du van, on remarque avec peut-être un léger malaise la question « How’s My Bombing ? » et un numéro de tél. qui s’en suit remplaçant le traditionnel 911 (cf. ci-dessous). L’artiste met en avant l’aspect intangible et inhumain de l’action humaine envers elle-même de par cette interrogation comme il sait le faire dans bien d’autres de ses œuvres.
Pour l’anecdote, ce Van a été vendu par Banksy lui-même à un acquéreur lambda (par la suite) et fut exposé pour la première fois en 2006 à Los Angeles. Ce fut un succès total puisque pendant trois jours, de nombreuses personnes firent le déplacement afin de visiter entre autre ce van et l’exposition dédiée à l’artiste. Certaines personnalités américaines telles que Angelina Jolie, Cameron Diaz, Brad Pitt ou encore Denis Hopper apportaient leurs soutiens. « Barely Legal » était le « show » de l’époque que Banksy avait organisé pour l’occasion dans une usine désaffectée de la zone industrielle de L.A lors de la présentation de cette œuvre unique. Je vous laisse mes chimistes apprécier le travail de l’artiste…
Banksy fait encore à ce jour couler beaucoup d’encre autour de lui et c’est tout à fait mieux dans ce sens. Pour poursuivre, les liens web présents après l’article à travers un site sur l’artiste (que je vous conseille) et le site officiel du MOCO.
Son travail artistique atypique révèle une personnalité riche et complexe empreinte de désarroi (?) et d’idéalisme. Intelligence également particulière dans l’élaboration de ses graffitis ou objets, il remet en cause de manière farouche et souvent révélatrice les différentes institutions qui entourent le pouvoir d’Etat de par des actions « coup de poing » à travers le « paysage » urbain.
Dilettant, amourachée d’une passion débordante de paix et incontestablement d’humour, il défraie de manière continue la chronique des presses internationales (pour preuve, The Chemistry en parle – vous pouvez sourire). Artiste rare, peu égalable, élégant et discret, il n’est pas du genre à devenir non plus totalement taciturne puisque son art évoque ces très longues discussions entendues par chacun d’entre nous un samedi soir (ou un autre soir) en guise de vecteurs communicatif et participatif communs, au sein d’un groupe, dans un contexte qui fut à une période donnée ou qui est, durablement. Ce « monsieur tout le monde » ou « monsieur tout seul » n’a que faire de la notoriété du moment que son art véhicule des idées ; certes marginalisées/marginales et considérées comme telles par un public « standard » ; édifiantes parfois. Sûrement, afin de sensibiliser, affecter les sensibilités habituées à la norme sociale. Il vise par ce biais la Société qui s’est construite à travers le modèle institutionnel et vice-versa. A double tranchant, Banksy traite d’un « mal » qui nous ronge et nous dessert. Ainsi, on aime ou on n’aime pas. Cependant, n’oublions pas qu’il s’agit avant toute chose d’art. Et comme le disait Malraux : « L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ».
NB : L’ensemble des œuvres de l’exposition n’est pas présentée ici. J’ai effectué une sélection subjective en fonction de l’intérêt porté sur celles-ci. Les œuvres sont présentées dans chaque salle selon un thème bien précis.